Achille et la guerre de troie
Tous les dieux et déesses sont invités. Tous ? Non, Zeus a"
oublié " d'inviter Éris. Oubli volontaire: Eris est la déesse
de la discorde, et sur ce chapitre, les dieux n'ont rien à apprendre.
Ils se disputent assez souvent. Mais Eris, furieuse, vient quand même.
Dès son entrée, elle jette violemment sur la grande table... une
pomme d'or. Sur ce présent est gravé: " A la plus belle ".
C'est tout. Les déesses se regardent, envieuses, haineuses.
A qui la pomme d'or ? La première sélection se fait très
naturellement. Trois déesses sont, quant à la beauté, loin
au-dessus des autres: Héra, Aphrodite et Athéna. Trois puissantes
déesses. Les choses se corsent quand Zeus refuse de donner son avis personnel.
Il suggère de faire désigner l'élue par un gentil berger,
un certain Pâris...
Non loin de la ville de Troie, Pâris, tranquille berger, garde ses troupeaux. Il ne sait pas qu'il est en réalité le fils du roi de Troie, éloigné quand il était bébé parce qu'un oracle a prédit qu'à l'âge de vingt ans, il serait la cause de la ruine de Troie. Il est beau comme un dieu, il a vingt ans. Tout à coup, devant lui, trois merveilleuses déesses! Divinement belles... Et elles lui demandent de choisir entre elles! Qu'il donne la pomme d'or à la plus belle. Héra lui promet l'Europe et l'Asie, Athéna la victoire sur les Grecs, Aphrodite, la plus belle femme du monde, s'offre à lui. Pâris choisit le don d'Aphrodite. Il lui donne la pomme d'or. Pâris a jugé. Le sort en est jeté. La Guerre de Troie peut commencer .
Une immense salle de marbre brillant, des colonnades hautes comme les arbres d'une forêt, où s'enroulent de vertes veines marbrées. Splendeur absolue que ce palais. Au haut bout de la salle, quelques marches plus polies que de l'ivoire mènent au trône d'or de Ménélas. La tête sur un coude, une grande robe rouge qui tombe en longs plis lourds, les pieds nus dans des sandales dorées, Ménélas sourit à Pâris. L'étranger s'est présenté: Prince de Troie, de l'autre côté de la mer! On va lui montrer jusqu'où peut aller 1 'hospitalité grecque. Pâris est debout devant le grand roi de Sparte, humble et très beau. Pâris ne regarde pas le roi de Sparte. Il regarde, derrière le trône, la femme qui s'y tient, debout elle aussi, légèrement en retrait, la tête baissée que ne dissimule pas complètement un voile transparent. Aphrodite n'a pas menti: Hélène est la plus belle femme du monde. Tout de suite, ils sont amoureux fous l'un de l'autre. Trois jours plus tard, Pâris enlève Hélène. Colère terrible de Ménélas. Colère grecque et douleur d'homme. Il appelle toute la Grèce à l'aide.
La flotte grecque au grand complet. Mâts qui cliquettent dans le vent, coques de bois qui s'entrechoquent, des cris, des pas, bruits de courses, d'armures, hennissement de chevaux... Mille six cent quatre-vingt-six navires prêts à mettre à la voile pour aller détruire Troie. Six mille hommes prêts à aller exterminer les Troyens jusqu'au dernier. A bord, les plus grands héros grecs : Achille, le combattant superbe, Agamemnon, le chef de guerre, Odysseus, le plus rusé des Grecs. Toutes voiles hissées, la flotte piaffe comme une armée de chevaux retenus... Et brusquement le vent tombe. A l'heure où crie la vengeance, à l'instant même où elle va étancher dans le sang sa grande soif, plus un souffle de vent, les navires grecs bloqués au port. Immobilisés... Coup de théâtre, on apprend avec stupeur que la colère d'une déesse, Artémis pour la nommer, s'exprime ainsi par ce désastre. On apprend avec horreur que seul le plus horrible des sacrifices apaisera la déesse. Devant l'armée entière qui pleure, une princesse de quinze ans, Iphigénie, est mise a mort. Le vent se lève. La flotte cingle sur la mer bleue.
L'aube se lève sur Troie. Troie, la puissante cité, imposante sur son promontoire. Sous les hautes murailles grises, l'armée grecque fraîchement débarquée, toute frémissante de se battre. Casques et javelots flamboient aux premiers rayons du jour. En bas, dans la plaine, debout dans leurs chars légers attelés de chevaux tout piaffants, Agamemnon et Achille, les grands chefs grecs. Sur la muraille, Hector, le héros troyen, le fils du roi Priam, étincelant dans son armure. Les chefs se mesurent. Avant que le soleil ne dépasse la muraille, la Guerre de Troie va commencer.
Les dieux s'ennuient, bâillent, se querellent. De là-haut, ils regardent paresseusement s'étirer une guerre qui n'en finit pas. Depuis neuf ans Dans la plaine de Troie, on se bat beaucoup. Mais personne ne gagne, personne ne perd. Pour les dieux, c'est une morne plaine... Dans la plaine, il vient de se passer quelque chose. Achille et Agamemnon se disputent ! Achille s'en va, il quitte l'armée grecque! Catastrophe pour les Grecs. La guerre sans Achille, c'est une journée sans soleil. L 'horizon s'assombrit enfin... Les dieux sortent alors de leur torpeur .
Ils prennent parti dans la guerre. La grande majorité est pour les Troyens: Aphrodite à cause de Pâris, Arès parce qu'il est amoureux d'Aphrodite, Apollon pour la même raison qu'Arès, Héphaïstos parce qu'après tout il est le mari d'Aphrodite, et Zeus parce qu'il a décidé de préférer les Troyens. Une petite minorité est pour les Grecs: Héra, pour embêter Zeus, et Poséidon parce que les Grecs sont de grands navigateurs et que Poséidon est le roi de la mer. Un seul va d'un camp à l'autre: Hermès, parce qu'il joue bien son rôle.
Tente magnifique, toute brodée d'or, très vaste, on peut s'y tenir debout. Beaucoup de riches tissus. Achille et son grand ami Patrocle boivent et rient ensemble. Entre une délégation de soldats grecs. Ils supplient Achille de reprendre part au combat. C'est " non ", Achille ne veut rien entendre. Patrocle, lui, décide de retourner sur le champ de bataille. Et pour intimider les Troyens, il endosse l'armure d'Achille, que chaque soldat troyen connaît et redoute... De très loin, du bout de la plaine de Troie... Hector voit briller l'armure d' Achille. Enfin ! Hector tend son javelot à la pointe acérée. Les sabots de ses chevaux martèlent la plaine durcie. Le char vole, Hector vise la gorge. Tuer Achille ! Un flot rouge jaillit de la gorge de Patrocle...
Quand il apprend la mort de Patrocle, Achille est fou de douleur. Il sort sur le champ de bataille et cherche Hector comme un enragé. Folie aveugle et colère meurtrière d'Achille qui poursuit Hector dans la plaine, le rattrape, le frappe, le pourfend encore et encore de sa lourde épée. Et le traîne encore, derrière son char, cadavre couvert de boue et de sang, tout autour de la ville, en hurlant sa fureur et son désespoir. Il n'était vulnérable qu'en un seul point de son corps: le talon, parce que sa mère l'avait tenu quand il était bébé alors qu'elle le trempait tout entier dans les eaux du Styx qui rendent invulnérable... Une flèche perdue s'est plantée dans son talon. Achille est mort à son tour.
Très
tôt le matin, l'aube pointe à peine, les dernières brumes
de la nuit flottent sur les montagnes derrière la ville. Acre odeur des
premiers feux du jour: Troie se réveille, et ne sait pas que c' est pour
la dernière fois. Du haut de leurs murailles, les Troyens, montés
comme chaque matin aux nouvelles de la guerre, contemplent sans y croire le
champ de bataille... Déserté. Et devant les hautes portes de la
ville, une extraordinaire apparition: un gigantesque cheval de bois. A présent,
un Grec s'avance, tout seul, en pleurs. Nul ne sait d'où il a surgi.
Il dit aux Troyens qu'il a été abandonné là pour
être sacrifié à Athéna. Il leur dit que le grand
cheval est une offrande à la déesse, et que les Grecs l'ont construit
de cette taille pour que les Troyens ne puissent précisément pas
l'introduire dans leur ville...
Il n'en faut pas plus... Voilà les Troyens attelés au cheval!
Ils poussent, tirent, forcent la bête de bois à rentrer dans leurs
murs. Au creux de la nuit, une brèche s'ouvre dans le ventre du cheval.
De blancs éclairs de lune glissent sur une coulée d'hommes en
armes. Les chefs de la Grèce mettent le pied dans Troie. En quelques
minutes, l'armée grecque est dans la cité endormie! Elle met le
feu aux maisons, l'une après l'autre. Un immense brasier rouge et noir
s'élève vers le ciel. Et les Grecs massacrent les silhouettes
affolées qui se précipitent dehors. Ils vont au palais de Priam.
Ils enfoncent les lourdes portes et égorgent le vieux roi. Au matin,
la. fière cité n'est plus que ruines fumantes. Les. Troyens sont
morts, les Troyennes sont captives. La Guerre de Troie est terminée.