Philippe II Auguste
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Fils de Louis VII et dAdèle de Champagne, Philippe II Auguste trouve à son avènement un domaine florissant mais restreint, comprenant lÎle-de-France, lOrléanais et une partie du Berry. Le reste du royaume est partagé en une dizaine de fiefs sur lesquels le roi na quun droit théorique de suzeraineté, surtout quand il sagit des provinces de lOuest réunies dans la dépendance du roi dAngleterre Henri II Plantagenêt. Le jeune roi il a quinze ans entreprend immédiatement daccroître son domaine et de tirer parti des rivalités entre les grands. En avril 1180, il épouse Isabelle de Hainaut qui lui apporte lArtois en dot. Mais il entre bientôt en conflit avec le comte de Flandre, oncle de sa femme, et une grande coalition féodale est nouée : le roi parvient à la défaire (traité de Boves, 1185), ce qui lui vaut de rattacher à la couronne les comtés dAmiens, de Montdidier et les châtellenies de Roye et de Thourotte. La grande entreprise du règne fut labaissement des Plantagenêts. Philippe Auguste soutient les fils révoltés (Henri puis Geoffroi) contre leur père Henri II. Un coup de main sur Issoudun lui permet dimposer sa volonté et dacquérir une partie du Vermandois tandis quil marie sa fille à Jean sans Terre, fils du roi dAngleterre (traité de Châteauroux, 1187). La lutte nen continue pas moins jusquà la capitulation de Henri II à Azay-le-Rideau le 4 juillet 1189. Richard Cur de Lion, devenu roi, part pour la croisade avec Philippe Auguste : lentente nest que passagère, et le roi de France, rentré précipitamment (1191), intrigue contre son allié devenu le rival de Jean sans Terre et, surtout, du duc dAutriche qui arrête Richard à son retour et le livre à lEmpereur. La lutte reprend à la libération de Richard (1194) et tournait nettement à lavantage de Cur de Lion, quand celui-ci est tué au siège de Châlus en Limousin (1199). Philippe Auguste ne reconnaît à Jean sans Terre le titre de roi que moyennant la cession dune partie du Vexin normand, du pays dÉvreux et du Berry (traité du Goulet, 1200). En 1202, Jean sans Terre nayant pas répondu à une convocation devant la justice royale, ses fiefs sont confisqués et Philippe Auguste entreprend dexécuter la sentence : la Normandie, le Maine, lAnjou et le Poitou sont annexés (1204-1208). Un débarquement en Angleterre est préparé, mais une vaste coalition réunissant les comtes de Boulogne, de Flandre, de Hollande, les ducs de Lorraine, de Brabant, de Limbourg, et surtout lempereur germanique, lempêche daboutir. Le roi de France réussit néanmoins, par la victoire de Bouvines (27 juill. 1214), à défaire la coalition, assurant ainsi sa tranquillité au nord et à lest, et supprimant tout appui continental à Jean sans Terre qui doit reconnaître de fait les conquêtes de son rival. Celui-ci le menace encore en soutenant son fils, le futur Louis VIII, qui tente en vain de conquérir lAngleterre (1216-1217). Le même prince royal Louis intervient ensuite en Aquitaine aux côtés de Simon de Montfort contre le comte de Toulouse et les albigeois ; et Philippe Auguste avait auparavant mis la main sur lAuvergne (à partir de 1189) et la Champagne (1201 et 1213). À sa mort, il est de loin le plus grand seigneur du royaume et il a réussi à imposer son autorité aux grands feudataires les plus proches. À lintérieur, Philippe Auguste met en place des méthodes nouvelles de gouvernement rendues nécessaires par lextension du domaine. Il institue les baillis, officiers nommés et révoqués par le roi, qui le représentent dans toutes ses fonctions. Les impôts restent exceptionnels (dîme saladine), mais la collecte plus soigneuse des revenus domaniaux et la vente de privilèges aux communes et aux métiers accroissent considérablement la trésorerie royale confiée aux Templiers. Ces ressources permettent de rétribuer des mercenaires et délever de puissants châteaux (Dourdan, Issoudun, Gisors) : lart de la guerre féodale en est transformé. De même, le gouvernement central évolue : les sessions de la cour se spécialisent dans les affaires judiciaires et financières, préfigurant ainsi le Parlement et la Cour des comptes ; les deux offices les plus importants (de sénéchal et de chancelier) sont supprimés, et dune façon générale les grands féodaux laissent la place à des hommes dextraction plus modeste, reconnus pour leurs compétences. La cour se fixe à Paris où, à partir de 1194, sont conservées les archives royales. Philippe Auguste entoure la ville de remparts, fait paver les rues et favorise le commerce (privilège aux marchands de leau). Reste que ses rapports avec lÉglise ont été souvent compliqués, comme ceux de plusieurs rois capétiens, à cause daffaires de divorce. Sa première femme étant morte, Philippe a épousé Isambour de Danemark (1193). Il obtient dune assemblée dévêques lannulation de son mariage, et a deux fils dune princesse bavaroise, Agnès de Méran. Le pape jette linterdit sur le royaume (1200) et Philippe ne sinclinera quen 1213. Pourtant, à lintérieur du royaume, il a de très bons rapports avec le clergé, intervenant peu dans les élections épiscopales et favorisant les ordres monastiques. Cest un des éléments qui contribuent à asseoir définitivement lautorité royale : pour la première fois depuis lavènement des Capétiens, le prince royal nest pas associé au trône et il sera sacré sans difficulté après la mort de Philippe Auguste qui a régné quarante-trois ans, presque autant que son père Louis VII et que son petit-fils Louis IX.