L'entrevue de Picquigny 1475
Déjà, la puissance bourguignonne atteignait la limite de ses forces. En 1474, l'échec du siège de Neuss révéla l'affaiblissement de l'armée bourguignonne, pourtant bien dotée d'artillerie et réglée, trop tard, par une excellente ordonnance inspirée de l'art militaire Italien contemporain. Au même moment, les exigences financières du duc étaient telles que les villes regimbaient, aux Pays-Bas comme en Alsace.
L'échec
de Neuss, succédant a celui de l'entrevue de Trèves, eut un tel retentissement
que la diplomatie de Louis XI suscita sans peine de nouveaux ennemis au Téméraire.
Sigismond d'Autriche, les cantons suisses, les villes rhénanes, René II
de Lorraine, formèrent l'Union de Constance (avril 1474). La défection d'Édouard
IV au traité de Picquigny déçut les espérances de Charles. Pour limiter les
pertes, il accepta de signer avec Louis XI la trêve de Soleure (13
septembre 1475), afin de se consacrer a la conquête de la Lorraine
et des cantons suisses. S'il chassa René Il de son duché, les piquiers suisses
lui infligèrent une double et sévère leçon a Grandson (2 mars 1476) et
à Morat (22 juin).
Charles avait perdu ses meilleures
troupes. Honteux d'avoir été battu par des vachers, il eut l'amertume
de voir se soulever contre lui les paysans lorrains. Par surcroît, le condottiere
napolitain Campobasso trahit Charles, qui n'eut plus qu'environ 2
000 hommes a opposer a René II à quelques kilomètres au sud de Nancy (5
janvier 1477). Le son des fameuses trompes d'aurochs des Suisses
d'Uri et d'Unterwalden sema la panique parmi les troupes bourguignonnes;
le cadavre de Charles le Téméraire fut retrouvé deux jours après. Au reçu de
la nouvelle, Louis XI manifesta une joie indécente. Il faut dire que le royaume
était libéré d'une menace mortelle.