Traité d' Andelot (587)

Ce qui sauva le jeune Childebert, ce fut la protection du roi Gontran, qui prenait au sérieux son rôle de tuteur. Du reste, la fortune tourna quelques années plus tard. Tandis que Chilpéric se livrait à l'exercice de la chasse dans sa villa de Chelles, près de Paris, un homme s'approcha de lui au moment où il descendait de cheval; il le frappa d'un coup de couteau sous l'aisselle et, d'un autre, lui perça le ventre. Perdant le sang tant par la bouche que par ses blessures, le roi rendit son âme " inique " (584). Sa veuve, Frédégonde, resta seule avec un petit enfant de quatre mois, Clotaire II, qui, vingt-neuf ans plus tard, mais après bien des retours de fortune et de nombreux drames sanglants, demeurera le seul roi des Francs. Fidèle à sa politique, qui consistait à soutenir les plus faibles de ses parents, le (( bon roi " Gontran prit sous sa protection Frédégonde et son enfant.

Mais la perfidie de cette reine fière eut vite fait d'indisposer son beau-frère. Il découvrit que deux députés qu'elle lui avait adressés avaient été traîtreusement envoyés pour le faire périr. Gontran préféra se rapprocher à nouveau de son neveu Childebert et de Brunehaut, malgré les nombreux griefs qu'il avait contre eux. Le consciencieux Grégoire de Tours, qui avait servi de médiateur entre les rois, a rapporté le texte de leur accord. Le traité d'Andelot (587) est le plus ancien document diplomatique de notre histoire dont la teneur soit conservée entièrement.

La plus grande partie du document est consacrée à des clauses territoriales. Le sort de la dot et du douaire de la malheureuse Galswinthe, sœur de Brunehaut, y est réglé. Il fut donné en viager au roi Gontran, sauf Cahors que se réserva la reine. C'est un exemple du dépeçage de territoires auquel se livraient, contre tout bon sens, les rois mérovingiens dans leurs partages. Une disposition curieuse du traité, qui était peut-être de style, mérite d'être relevée: Il est convenu qu'aucun des deux rois ne cherchera à attirer les leudes c'est-à-dire les grands qu'un serment de fidélité attachait au souverain, de l'autre et qu'il n'accueillera pas ceux qui viendront à lui. Cette disposition en dit long sur la versatilité des hommes de cette époque.