Complot de Gondovald


Entre-temps, un complot singulier et un coup d'État manqué avaient troublé le royaume franc. Un aventurier nommé Gondovald, qui se prétendait fils du roi Clotaire, avait réussi à se rendre à Constantinople, d'où il fut invité par quelques ambitieux, dont le duc austrasien Gontran-Boson, à rentrer en Gaule et à revendiquer le royaume franc. Le prétendant était-il soutenu par l'empereur d'Orient, Maurice ? C'est peu probable. Grégoire de Tours a raconté en détail la campagne de l'usurpateur, qui se termina d'une manière désastreuse. Abandonné par tout son entourage, il finit par échouer au pied des Pyrénées, dans la cité de Comminges, où l'un de ses partisans, Boson, lui brisa la tête d'une pierre.

La malheureuse cité qui l'avait recueilli fut rasée et tous ses habitants furent massacrés, afin qu'il ne restât plus personne. La dernière décade du VIe siècle vit disparaître successivement le " bon roi " Gontran (592), Childebert II (595) et la reine Frédégonde (597). Ces disparitions ont été moins regrettables que celle de Grégoire de Tours, dont l'histoire s'arrête avec l'année 591. Son continuateur, qu'on s'obstine depuis le XVI" siècle à dénommer Frédégaire, en perpétuant une bévue commise par le premier éditeur de son oeuvre, n'est qu'un sec chroniqueur, et c'est dommage, car, pendant la première moitié du VII" siècle, le royaume franc a été gouverné par deux personnages qui sont devenus légendaires, mais qui restent des énigmes pour l'historien : la reine Brunehaut et le roi Dagobert. En mourant, Childebert avait laissé deux fils, Théodebert ou Thibert et Thierry, qui s'étaient partagé son héritage.

Le bon sens eût dû leur conseiller de s'accorder pour faire front contre leur cousin, le Neustrien Clotaire II. Il n'en fut rien. Leurs querelles remplissent le récit de leur historien. Le cadet parait avoir été, malgré ses débauches, le favori de sa grand-mère Brunehaut. La septième année de son règne, Thierry eut d'une concubine un fils nommé Sigebert, raconte gravement pseudo-Frédégaire en commençant un chapitre de sa chronique, et, au cours des années qui suivirent, on peut lire trois autres bulletins de naissance formulés dans des termes identiques. Mais la veuve de Sigebert, qui permettait à son maire du palais, Protadius, de partager son lit, n'était pas sévère sur le chapitre des mœurs.