La reine Brunehaut


Qu'elle ait cherché à dominer ses petits-fils, dont l'un était roi d'Austrasie et l'autre de Bourgogne, c'est incontestable, et la politique de cette femme, qui était d'un tempérament despotique, est fort claire. Elle a consisté à abaisser les nobles qui lui faisaient ombrage.

Des historiens modernes ont prétendu réhabiliter la reine Brunehaut; elle leur est apparue .comme la figure la plus remarquable de cette terrible époque. Leurs arguments sont peu convaincants. Sous prétexte que plusieurs favoris de la reine étaient Romains d'origine, on a dit qu'elle aurait voulu maintenir les principes de bonne administration hérités du gouvernement impérial. Quelques anciennes voies romaines ayant été qualifiées au moyen âge " chaussées Brunehaut ", on a conclu qu'elle aurait restauré le réseau routier de la Gaule.

Peu à peu, une ligue se forma contre cette princesse ambitieuse et implacable. A sa tête, il y avait des Austrasiens, et pour la première fois apparaît en 613 la faction d'Arnoul et de Pépin. Pépin, c'est Pépin dit " de Landen ", ancêtre des Carolingiens, et Arnoul, l'évêque de Metz, qui donnera au fils de Pépin sa fille Bige (ou Begga) en mariage. La seconde dynastie de nos rois fait ainsi son entrée dans des conditions tragiques.

Le drame qui mit fin au règne despotique de Brunehaut est dans toutes les mémoires. Un complot avait été noué par les leudes de Bourgogne contre Brunehaut. Héritier des haines de sa mère Frédégonde, Clotaire II, à qui le royaume de Bourgogne avait été promis, se fit leur complice et l'instrument impitoyable de leur vengeance.

Supplice de BrunehautTrahie par Garnier, maire du palais, et par tous les autres grands du royaume de Bourgogne, Brunehaut est arrêtée par Herpon, connétable à Orbe, au pays transjuran, avec Theudilane, sœur de Thierry, et conduite auprès de Clotaire à Renève, sur la rivière de la Vingeanne. Sigebert et Corbus, fils de Thierry, sont tués par ordre de Clotaire. Mérovée est conduit secrètement en Neustrie sur l'injonction de Clotaire qui, l'ayant tenu sur les fonts sacrés, lui avait gardé de l'affection.

Quant à Brunehaut, lorsqu'elle fut amenée en présence de Clotaire, celui-ci, qui éprouvait pour elle une haine violente, lui reprocha les meurtres de dix rois des Francs, ceux de Sigebert, de Mérovée, de son propre père Chilpéric, de Théodebert et de son fils Clotaire, de Mérovée fils de Clotaire, enfin de Thierry et de ses trois fils qui venaient de périr.
Lui ayant infligé pendant trois jours divers supplices, il la fit parader, assise sur un chameau, à travers toute l'armée, puis la fit attacher par la chevelure, un pied et un bras à la queue d'un cheval fougueux et là tous ses membres furent brisés par les ruades du coursier agile.