La Gaule sous Dagobert


Trône de DabobertA peine monté sur le trône, il règle provisoirement le sort de l' Aquitaine. L'ancien royaume wisigothique était loin d'être assimilé. Les fils et petits-fils de Clovis l'avaient déchiqueté à plaisir. Dagobert l'abandonna à son frère puîné Caribert, qui établit sa résidence à Toulouse. Il le fit par compassion pour un être qui était faible d'esprit. Mais c'était en même temps reconnaître les aspirations des Aquitains à l'autonomie, et pendant bien des siècles cette grande province restera en marge du royaume franc. Tout en cédant l'Aquitaine à son frère, Dagobert ne prétendait pas l'abandonner.

Il la défendit contre les razzias des Basques, ces descendants des anciens Ibères qui, chassés de l'Espagne en 578, avaient pénétré au nord des pyrénées. La plus importante des expéditions punitives entreprises par Dagobert fut celle de l'année 636, que conduisirent un référendaire énergique, Chadoin, et douze ducs. Les Basques ont donné leur nom à la partie de l' Aquitaine qui est située au sud de la Garonne: la Gascogne; mais ce qui prouve que leur domination y a été temporaire et superficielle, c'est qu'ils n'ont pas réussi à lui imposer leur langue. Le basque n'est parlé que dans une partie des arrondissements de Bayonne et de Mauléon, tandis que le gascon est un dialecte roman.

Dagobert ne s'est pas non plus désintéressé de la Bretagne, qu'avaient négligée ses prédécesseurs. Il obligea le roi des Bretons, Judicaël, à se rendre auprès de lui à Clichy pour réparer les dommages causés à ses leudes et soumettre son royaume à la domination des rois francs. Hommage de fidélité qui prouve le prestige dont jouissait Dagobert, mais qui fut sans lendemain. Pendant des siècles, la Bretagne, comme l'Aquitaine, vivra d'une vie presque indépendante.

Le statut de la Bourgogne est resté sous Dagobert ce qu'il était sous Clotaire II. En succédant à son père, Dagobert a pris possession des deux États paternels, de la Bourgogne comme de la Neustrie. L'ancien royaume Burgonde avait conservé son autonomie et il est visible que Dagobert a ménagé ses habitants. Dès la première année de son règne, il y fit une tournée, et sa venue causa une profonde impression sur les évêques et les grands laïques de ce royaume. Il se présenta en justicier à Langres, Dijon, Saint-Jean-de-Losne, Chalon, Autun, Auxerre et Sens, en donnant à ses assises un caractère solennel. Il semble s'être assez vite dégoûté de ces lits de justice spectaculaires ; et son biographe, qui était transjuran, lui a reproché de s'être ensuite enlisé dans son palais de Clichy.

Dagobert savait du reste qu'aucune fusion n'était possible entre Neustrie et Bourgogne. Aussitôt après sa mort, les Burgondes reprendront leur indépendance, et des luttes d'une violence inouïe entre les maires du palais de Bourgogne et ceux de Neustrie rempliront les cinquante années qui la suivront.