La victoire sur Syagrius

La première tâche qu'entreprit le jeune Clovis fut de reprendre la progression des Francs Saliens. Malgré la déposition du dernier empereur d'Occident (476), il y avait encore dans le nord de ce pays un général romain, Syagrius, qui, avec une petite armée, continuait à représenter l'Empire. Il résidait à Soissons.En 486, Clovis ne se jugeait pas encore assez fort pour venir à bout de la résistance de Syagrius. Il fit appel à l'un de ses parents, Renier, qui lui prêta main-forte. Les troupes de Syagrius battirent en retraite et leur chef chercha asile à Toulouse chez Alaric II, roi des Wisigoths. Décision malencontreuse, car ce prince livra à Clovis l'homme qui s'était réfugié chez lui, et le roi franc fit tuer Syagrius après s'être emparé de son royaume.

La lâcheté inexcusable d'A1aric révèle l'ascendant qu'exerçait déjà Clovis sur ses contemporains. Clovis était un chef de clan parmi beaucoup d'autres et qu'à la veille de sa mort il était devenu le roi de tous les Francs. Il a fondé le royaume de France. Grande oeuvre, mais qui a souvent été réalisée par des moyens déshonorants. Grégoire de Tours, qui était un admirateur de Clovis, n'a dissimulé aucun de ses crimes, ni le meurtre de Chararic, ni ceux de Renier, roi de Cambrai, de Rignomer, roi du Mans, de Chlodéric, roi des Ripuaires. Les récits de ces assassinats qui jalonnent la biographie de Clovis se terminent tous par la même conclusion: " Il s'empara du royaume et Vase de Soissonsmit la main sur le trésor. " Il n'y a pas un mot de blâme chez Grégoire de Tours pour ces crimes. Au contraire, devant la grandeur de l'œuvre accomplie, il excuse et, même, admire son héros : " Chaque jour, écrit le chroniqueur après avoir raconté l'un de ses forfaits, Dieu courbait ses ennemis sous sa main et étendait son royaume, parce qu'il allait le coeur droit devant lui et faisait ce qui est agréable à ses yeux. "

Une anecdote célèbre a perpétué le souvenir de la bataille gagnée sur Syagrius: c'est l'épisode du vase de Soissons. Il est dans toutes les mémoires. L'institution du champ de mars, où s'est déroulée l'altercation du roi et du guerrier, y apparaît sous la forme qu'elle devait revêtir chez le peuple franc, peuple essentiellement guerrier : une revue militaire. On note aussi le souci qu'avait déjà Clovis de gagner les faveurs des évêques en restituant à l'un d'eux un vase que ses soldats avaient pris à l'église de Soissons.