Le roi Dagobert (629-639)


Fragment d'une crix de Saint EloiDagobert a grandi à l'ombre du monastère de Saint-Denis, dont il a été le bienfaiteur. Dagobert n'était pas un saint. Peu après son avènement, il répudia la femme que son père lui avait choisie et qui s'appelait Gomatrude, pour vivre dans la débauche. Il avait, comme Salomon, " trois reines ", rapporte un contemporain : une fille de service, Nanthilde, qui est restée sa préférée, Valfegonde et Berchilde, ainsi qu'une multitude de concubines. Tout en reconnaissant sa générosité, on critiquait sa cupidité.

Dagobert a porté chance à son entourage. Sa gloire posthume a rejailli sur ses ministres. Le nom de saint Éloi, monétaire et orfèvre, puis évêque de Noyon, est associé pour toujours au sien grâce à la ronde enfantine qui a immortalisé le roi. Le référendaire ou chancelier Dadon est plus connu sous le nom de saint Ouen, parce que l'hagiographie s'en est emparée pour le donner à plusieurs églises et à quelques localités. Saint Didier est moins illustre, mais sa biographie, écrite par un contemporain, quelques lettres qu'il a laissées, nous permettent de nous représenter ce qu'était au VIle siècle la carrière d'un haut fonctionnaire.

Originaire de l'Albigeois, Didier avait été élevé au palais avec ses frères; il devint de bonne heure trésorier de la Cour et termina sa carrière comme évêque de Cahors. Carrière normale qui ne scandalisait alors personne, car l'épiscopat s'intégrait dans le cursus honorum et les évêques étaient généralement nommés par le roi. Celui-ci distribuait les évêchés du royaume à de hauts officiers de son palais qu'il voulait récompenser, de même que sous la IIIe République on gratifiait d'anciens préfets de trésoreries générales.